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Edition numérique © cmft, octobre 2008
Mais, pour moi et ma maison, nous serviront l’Éternel. (Josué 24,15)
1. Nous lisons dans le premier verset de ce chapitre que Josué, devenu vieux, assembla toutes les tribus d’Israël à Sichem, et qu’il appela leurs anciens, leurs chefs, leurs juges et leurs officiers, qui se présentèrent devant Dieu. Alors il leur retraça les grandes choses que Dieu avait faites pour leurs pères, et conclut par cette grave exhortation ; — maintenant donc, craignez l’Éternel, et servez-le en intégrité et en vérité, et quittez les dieux que vos pères ont servi au delà du Jourdain, et en Egypte (se peut-il rien de plus étonnant que cela ? Que les Israélites aient adoré des idoles, contre la volonté positive de leur Dieu, en Egypte, même dans le désert, où ils étaient nourris, guidés nuit et jour par miracle.) Après les avoir ainsi exhortés, il ajoute : Que s’il ne vous plaît pas de servir l’Éternel, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : où les dieux que vos pères, qui étaient au delà du fleuve, ont servi, ou les dieux des Amorrhéens, au pays desquels vous habitez ; mais pour moi et ma maison, nous servirons l’Éternel.
2. C’est bien là une résolution digne d’un saint à cheveux blancs qui, depuis son enfance, avait fait une longue expérience des avantages du service de Dieu, et de la bonté de ce Maître, auquel il s’était dévoué. Il serait bien à désirer que tous ceux qui ont éprouvé combien le Seigneur est bon, qui ont été retirés par lui de l’Egypte, — de l’esclavage du péché, — que ceux surtout qui sont unis par les liens de la communion chrétienne, voulussent adopter cette sage résolution. Alors l’œuvre du Seigneur prospérerait parmi nous, et sa parole aurait cours et serait glorifiée; alors des multitudes de pécheurs élèveraient en tout lieu leurs mains vers le Seigneur, jusqu’à ce que la terre fût remplie de la gloire de l’Éternel, comme les eaux comblent la mer.
3. Qu’elles en seront les conséquences, s’ils n’adoptent pas cette résolution ? Si la religion de famille est négligée ? Si l’on ne prend pas soin de la génération ? — Le réveil actuel ne s’éteindra-t-il pas bien vite ? Ne sera-t-il pas, ce que fut l’empire romain, selon la remarque d’un historien, res unius aetatis, — un événement qui commence et finit avec une génération ? Ne confirmera-t-il pas cette triste observation de Luther : qu’un réveil ne dure pas plus qu’une génération ? (Il entend par génération, un espace de trente années.) Mais, grâce à Dieu, cette observation ne peut pas être appliquée au réveil qui a lieu de nos jours, puisqu’il existe depuis cinquante ans.
4. N’avons-nous pas vu déjà quelques unes de ces tristes conséquences réalisées ? N’existe-t-il pas une génération, née depuis cette époque, de parents pieux, qui ne connaît pas le Seigneur, qui ne l’aime pas, qui n’a pas la crainte de l’Éternel devant les yeux ? Comme il y en a parmi eux qui méprisent leurs pères, et sourient aux avis de leurs mères ; qui sont totalement étrangers à la vraie religion, à son véritable esprit ! Et ils ne sont pas en petit nombre ceux qui ont secoué tout joug religieux, et se sont abandonnés à toute espèce de méchancetés ! — Or, cela arrive très rarement chez les enfants qui sont élevés religieusement : Je n’en ai vu que quelques exemples. La méchanceté des enfants vient souvent de la faute ou de la négligence des parents ; car quoiqu’elle ne soit pas universelle, et qu’elle ait quelques exceptions, cependant la règle suivante est générale : — instruis le jeune enfant à l’entrée de sa vie ; lors même qu’il sera devenu vieux, il ne s’en éloignera point.
5. Mais quel est le sens de cette résolution : moi et ma maison nous servirons l’Éternel ? Pour la bien comprendre, et afin de la mettre en pratique, examinons premièrement ce que c’est que servir le Seigneur ; deuxièmement, ce qu’exprime le mot maison ; et troisièmement, ce que nous pouvons faire, pour que nous et notre maison servions l’Éternel.
I.
1. Nous devons examiner, premièrement, ce que c’est que servir l’Éternel, non pas comme le servait le juif, mais comme doit le servir un chrétien, — non seulement extérieurement (quoique quelques juifs allassent sans aucun doute plus loin que cela), mais intérieurement, avec le cœur, en esprit et en vérité. — La première chose impliquée dans ce service, c’est la foi. Nous ne pouvons pas présenter un service agréable à Dieu, jusqu’à ce que nous croyions en Jésus-Christ qu’il a envoyé. C’est par là que le service en esprit de Dieu commence : aussitôt qu’un homme a le témoignage de l’Esprit, et qu’il peut dire : ce que je vis en la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est donné pour moi, aussitôt il est capable de servir le Seigneur en vérité.
2. Dès qu’il croit, il aime Dieu, ce qui est une autre chose impliquée dans le service du Seigneur. Nous l’aimons parce que, ce dont la foi est la preuve, il nous a aimés le premier : l’amour pour ce Dieu de miséricorde est répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous est donné. A la vérité cet amour est susceptible de mille degrés ; mais cependant chaque homme, tout aussi longtemps qu’il, croit, peut dire devant Dieu : Seigneur, tu sais que je t’aime ; tu sais que c’est vers ton nom et vers ton souvenir que tend le désir de mon âme.
3. Et si un homme aime réellement Dieu, il ne peut qu’aimer aussi son frère : la reconnaissance envers Dieu produit infailliblement la bienveillance envers notre prochain. Si nous aimons Dieu, nous ne pouvons que nous aimer l’un l’autre, comme Christ nous a aimés ; nous éprouvons de l’amour pour tout enfant d’Adam ; et nous nous revêtons, pour tous les enfants de Dieu, des entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de patience, nous pardonnant les uns aux autres, si l’un de nous a quelque sujet de plainte contre l’autre, comme Dieu, pour l’amour de Christ, nous a pardonnés.
4. Ces expressions : servir le Seigneur implique encore l’obéissance à la volonté de Dieu, la pratique volontaire de ses lois. Semblables aux esprits glorifiés, qui, dans le ciel, font la volonté de Dieu, gardent ses lois, et écoutent là voix de ses paroles, ses serviteurs, ici-bas, écoutent sa voix, gardent avec soin ses ordres, évitent tout ce qu’il a défendu, et pratiquent avec zèle tout ce qu’il a commandé, travaillant toujours à avoir une conscience sans reproche envers Dieu et envers l’homme.
II.
Tout vrai chrétien dira aussi : pour moi et ma maison, nous servirons l’Éternel. Mais que renferme cette expression : ma maison ? C’est le second point à considérer.
1. La personne, dans votre maison, qui mérite votre première attention, c’est sans aucun doute votre femme ; puisque vous devez l’aimer, comme Christ aima l’Église, quand il donna sa vie pour elle, afin de la rendre pure, sans tâche et sans ride. C’est le but que doit avoir en vue tout mari, dans ses rapports avec son épouse : il faut qu’il emploie tous les moyens possibles pour qu’elle soit purifiée de toute tache, et pour qu’elle vive sans reproche.
2. Après votre épouse, viennent vos enfants, — ces esprits immortels que Dieu vous a confiés, pour un temps, afin que vous les éleviez dans la sainteté, et que vous les prépariez pour jouir de Dieu pendant l’éternité. C’est là une charge aussi glorieuse qu’importante, puisque une seule âme a plus de prix que le monde entier. Vous devez donc veiller sur chacun de vos enfants, avec la plus scrupuleuse attention, afin que lorsque vous serez appelé à rendre compte d’eux au Seigneur, vous puissiez le faire avec joie, et non avec douleur.
3. Vous devez regarder vos domestiques, quelles que soient leurs fonctions, comme des membres de votre famille : Dieu vous les a aussi confiés, et vous devez en rendre compte ; car chaque être qui vit sous votre toit, et qui a une âme immortelle, est placé sous votre surveillance ; peu importe que cet être soit un apprenti lié à vous pour un certain nombre d’années, par la loi, ou un domestique qui a consenti à vous servir pour un nombre d’années plus ou moins long, ou un ouvrier au jour ou à la semaine, car tous ces gens là sont remis entre vos mains. Et ce n’est pas la volonté de votre Maître, qui est aux cieux, que l’un d’entre eux sorte de vos mains, sans avoir reçu de vous quelque chose qui vaut mieux que l’or ou l’argent. Vous êtes même responsable, jusqu’à un certain point, de l’étranger qui vit avec vous : Comme vous êtes particulièrement obligé de prendre garde à ce qu’il ne fasse aucune œuvre le jour du dimanche, tandis qu’il est auprès de vous, par la même raison vous êtes obligé de faire tout ce que vous pouvez pour qu’il ne pèche pas contre Dieu dans aucune autre circonstance.
III.
Recherchons, en troisième lieu, ce que nous avons à faire pour que notre maison puisse servir le Seigneur.
1. Ne pouvons-nous pas essayer d’abord de les empêcher de pratiquer le péché extérieur, de jurer, de profaner le nom de Dieu, de travailler sans nécessité ou de passer le temps en plaisirs pendant le dimanche ? Vous devez même l’essayer pour les étrangers, et à bien plus forte raison pour votre épouse, vos enfants et vos serviteurs. — Vous pouvez y porter les premiers, sur lesquels vous avez moins d’influence, soit par la raison, soit par de douces exhortations. Si vous voyez, après plusieurs essais, qu’ils ne veulent se soumettre ni à vos preuves, ni à vos exhortations, c’est votre devoir de mettre de côté toute cérémonie, et de les renvoyer de votre maison. Si vous ne pouvez pas aussi exercer la même influence sur vos domestiques, par des raisons, par votre exemple, ou par des répréhensions tantôt douces, tantôt sévères, vous devez, quand vous avez souvent essayé ces moyens, les chasser du sein de votre famille, malgré tous les inconvénients que cela puisse avoir.
2. Mais vous ne pouvez renvoyer votre épouse, que dans le cas d’adultère, que faire donc, si elle est adonnée à quelqu’autre péché visible ? — je ne peux pas découvrir dans la Bible, que le mari soit autorisé à frapper sa femme, pour quelque motif que ce soit, à moins que sa vie ne fût en grand danger, et qu’elle l’eût elle même frappé la première. Je n’ai jamais connu de femme qui fût changée par ce moyen. J’ai entendu cependant citer des cas où ce moyen avait réussi, mais comme je ne les ai pas vus, je ne les crois pas. Il me semble que la seule chose à faire, en pareilles circonstances, doit être faite en partie par l’exemple, en partie par des preuves ou la persuasion, appliquée selon que nous l’indique la prudence chrétienne: Si le mal peut être surmonté, c’est par le bien, jamais par le mal; car nous ne pouvons pas battre le diable avec ses propres armes. C’est pourquoi si ce mal ne peut pas être surmonté par le bien, nous sommes alors appelés à le souffrir, à dire : — « C’est la croix que Dieu m’a choisie, il le fait certainement pour un bon but ; et quand il le jugera convenable, il mettra cette coupe loin de moi. » — En attendant priez avec ardeur, dans la conviction que rien n’est impossible à Dieu, et que, au temps convenable, il détruira cette tentation, ou la bénira pour votre âme.
3. Vous pouvez empêcher vos enfants, quand ils sont jeunes, de faire le péché extérieur par des conseils, par la persuasion et même par la correction ; vous souvenant seulement que ce dernier moyen ne doit être employé, qu’après avoir essayé en vain tous les autres. Alors cependant prenez grand soin d’éviter la plus petite apparence de passion : tout ce que vous faites, faites-le dans un esprit de douceur, de bonté même ; car autrement votre propre esprit en souffrira, et votre enfant en retirera peu d’avantages.
4. Mais quelques personnes vous diront : « C’est peine perdue que tout cela : un enfant ne doit pas être corrigé ; la persuasion, l’instruction, les conseils suffisent, surtout si l’on y joint, selon l’occasion, des réprimandes bienveillantes. » — Je réponds à cela que cette méthode peut, dans quelques cas, avoir du succès, mais vous ne devez pas en faire une règle générale, à moins que vous ne vous supposiez plus sage que Salomon, ou pour parler plus convenablement, plus sage que Dieu ; car c’est Dieu, lequel connaît mieux ses créatures, qui nous a dit expressément : — Celui qui épargne sa verge, hait son fils ; mais celui qui l’aime se hâte de le châtier (Prov. 13,24) ; et c’est là le fondement de cet ordre simple, donné à tous ceux qui craignent Dieu : châtie ton enfant pendant qu’il y a de l’espérance, et n’écoute point ses plaintes.
5. Ne pouvons-nous pas essayer, en second lieu, de les instruire, de prendre soin que chaque personne qui vit sous notre toit, ait toute la connaissance nécessaire au salut, — de veiller à ce que notre femme, nos enfants et nos domestiques soient instruits dans les choses qui appartiennent à leur paix éternelle ? Pour cela vous devez tout arranger de manière que non seulement votre épouse mais aussi vos domestiques, puissent profiter de tous les moyens publics d’instruction ; le jour du dimanche en particulier, faites en sorte que ce qu’il y a à faire à la maison ne les empêche pas d’assister aux services religieux. Vous devez aussi veiller à ce qu’ils aient, chaque jour, une certaine portion de temps pour la prière, la lecture, et la méditation. Et vous devez vous informer s’ils passent ce temps dans les actes de dévotion, auxquels il est dévoué. De même un seul jour ne doit pas passer, sans culte domestique fait avec sérieux et solennité.
6. Vous devez encore essayer d’instruire vos enfants de bonne heure, avec patience, simplicité et souvent. — Instruisez-les de bonne heure, dès l’instant que vous voyez que la raison commence à paraître en eux : la vérité peut saisir l’esprit bien plus tôt que nous ne sommes disposés à le croire; et quiconque veille aux premiers développements de l’intelligence, peut, degré par degré, lui fournir de quoi travailler et peut tourner les yeux de l’âme vers les bonnes choses, aussi bien que vers des choses mauvaises ou insignifiantes. Quand l’enfant commence à parler, vous pouvez être sûr que la raison commence aussi à opérer. Je ne vois pas pourquoi les parents ne commenceraient pas précisément alors à parler des meilleures choses, des choses de Dieu. Puis, à partir de cette époque, on ne doit perdre aucune occasion de leur enseigner toutes les vérités qu’ils sont capables de recevoir.
7. Mais c’est en vain que vous leur parleriez de bonne heure, si vous ne le faisiez pas avec simplicité : — employez les mots que les petits enfants peuvent comprendre, ces mots dont ils se servent eux-mêmes. Observez avec soin les quelques idées qu’ils possèdent déjà, et essayez d’entrer sur elles ce que vous dites. Par exemple : dites à un enfant de regarder en haut, et demandez-lui ce qu’il voit. — Le soleil. — Comme il est brillant ! Sentez comme il brûle votre main ! Voyez comme il fait pousser les fleurs et la verdure ! Mais Dieu, quoique vous ne puissiez pas le voir, est au-dessus du ciel, et bien plus brillant que le soleil ! C’est lui qui a fait le soleil, vous, moi, et toutes choses, — qui fait pousser les plantes, qui rend les arbres verts et les charge de fruits ! Pensez à ce qu’il peut faire ! Il peut faire tout ce qu’il veut ; il peut faire mourir vous ou moi dans un instant, mais il vous aime : il aime à vous faire du bien, à vous rendre heureux ; — ne devez-vous donc pas l’aimer ? Vous m’aimez parce que je vous aime et vous fais du bien ; mais c’est Dieu qui fait que je vous aime ; c’est pourquoi vous devez l’aimer. — Et il vous enseignera comment il faut l’aimer. »
8. Tandis que vous leur parlez ainsi avec simplicité, vous devez toujours élever votre cœur à Dieu, et le prier d’ouvrir et d’éclairer leur entendement. Lui seul peut les rendre différents, en ce cas, de la brute qui périt seul ; il peut appliquer vos paroles à leur cœur : et sans lui votre travail serait en vain ; mais toutes les fois que le Saint Esprit enseigne, on apprend sans retard.
9. Si vous voulez voir votre travail suivi de fruits, non seulement vous devez les instruire de bonne heure et avec simplicité, mais vous devez aussi le faire souvent. Une ou deux fois par semaine ne suffirait pas. Combien de fois nourrissez-vous leurs corps ? Au moins trois fois par jour. Et l’âme a-t-elle moins de prix que le corps ? — Ne voulez-vous donc pas la nourrir aussi souvent ? Si vous sentez que cela vous est une tâche pénible, il y a certainement quelque chose qui ne va pas bien dans votre esprit : Ou vous ne les aimez pas assez, ou vous n’aimez pas Celui qui est leur Père et votre Père. Humiliez-vous devant Lui ! Suppliez-le de vous accorder plus d’amour ! Et l’amour rendra le travail facile.
10. Mais les instruire de bonne heure, avec simplicité et souvent, ne serait d’aucun avantage, si vous ne persévérez pas à le faire. Ne cessez jamais ce travail d’amour jusqu’à ce que vous en voyiez les fruits. Or, pour cela, vous sentirez qu’il est absolument nécessaire que vous soyez revêtu de la vertu d’en haut, sans laquelle, j’en suis assuré, personne n’a eu ou n’aura assez de patience pour cette œuvre ; et sans laquelle l’inconcevable lenteur de quelques enfants, et la légèreté ou la perversité d’autres, doivent porter à abandonner la tâche, et à les laisser suivre leurs propres imaginations.
11. Et, supposez qu’après avoir instruit ainsi vos enfants dès leur plus tendre enfance, vous n’aperceviez aucun fruit, il ne vous faut pas en conclure qu’il n’y en a pas : il se peut que le pain que vous avez jeté sur les eaux, sera trouvé après plusieurs jours ; la semence mise en terre depuis longtemps, peut enfin lever et produire une abondante moisson, surtout si vous ne cessez d’offrir vos prières à l’Éternel. — Puis, quel qu’en soit l’effet sur les autres, vous en serez récompensé par le Seigneur.
12. Plusieurs parents voient, cependant, le fruit de la semence qu’ils ont jetée dans le cœur de leurs enfants, et ils ont la consolation de les voir croître en grâce à mesure qu’ils avancent en âge. Tout n’est pas encore fait néanmoins : une autre tâche, qui n’est pas sans difficultés, leur reste à accomplir ; leurs enfants maintenant sont assez âgés pour aller à l’école ; or à quelle école est-il convenable de les envoyer ?
13. On doit se rappeler que je parle à ceux qui craignent Dieu, et non aux hommes frivoles, légers, mondains. Je demande donc, pour quel but envoyez-vous vos enfants à l’école ? — C’est pour qu’ils soient capables de vivre dans le monde. — De quel monde voulez-vous parler ? De ce monde ou du monde à venir ? peut-être n’avez-vous pensé qu’à ce monde-ci, et avez-vous oublié qu’il y a un monde à venir, et qui ne doit pas passer. Je vous en prie, souvenez-vous-en ; et confiez vos enfants à des instituteurs, qui aient toujours ce monde là en vue ; autrement placer vos enfants à l’école (souffrez que je parle clairement), c’est à-peu-près les confier au diable. En tout cas, placez donc vos enfants, si vous prenez quelque intérêt à leur âme, non pas dans une école publique, où l’on n’apprend que toute sorte de vices, — mais dans une école choisie, qui soit dirigée par un homme pieux et qui fait tous ses efforts pour donner une bonne éducation religieuse à un petit nombre d’enfants.
14. « Mais que ferai-je de mes filles ? » — Ne les placez pas dans une grande école : dans ces pensionnats les enfants s’enseignent mutuellement l’orgueil, la vanité, l’affectation, l’intrigue, la ruse, en un mot tout ce qu’une femme chrétienne ne doit pas apprendre. Supposez qu’une fille soit bien disposée, que fera-t-elle au milieu de ces enfants dont pas un seul ne pense ni à Dieu, ni aux intérêts de son âme ? Est-il probable, est-il possible qu’elle conserve, au milieu d’une telle société, qui ne s’occupe que de tout autre chose, quelque crainte de Dieu, quelque pensée de sauver son âme ? Je n’ai jamais connu une femme pieuse et à talents, élevée dans une école publique, qui ne confessât pas que tout autant vaudrait envoyer les jeunes filles à Drury-Lane pour les y élever.
15. « Mais où enverrai-je donc mes filles ? » Si vous ne pouvez pas les élever vous-même (comme ma mère qui éleva sept filles jusqu’à l’âge de discrétion), confiez-les à une gouvernante, qui craigne Dieu, dont la vie soit un modèle pour les élèves, et qui ne prenne pas plus d’élèves que ceux qu’elle peut vraiment surveiller. II y a quarante années, je ne connaissais pas une telle institutrice dans toute l’Angleterre; mais maintenant vous pouvez y en trouver plusieurs.
16. Nous pouvons maintenant supposer que vos fils ont passé assez de temps à l’école ; vous pensez à leur donner quelque profession. Ayant de prendre une décision sur ce point, prenez garde que votre œil soit pur. Est-ce le cas ? Avez-vous l’intention de plaire à Dieu en cela ? Si c’est lui auquel vous pensez d’abord, dans cette affaire, c’est bien ! Et certainement, si vous aimez ou craignez le Seigneur, votre première considération sera celle-ci : — dans quelle profession est-il plus probable que mon fils aime et serve Dieu ? Quel emploi lui présentera le plus d’avantage pour amasser un trésor pour le ciel ? J’ai été plus que choqué de voir combien peu de parents, même des parents chrétiens, font attention à cela : — Ceux-ci même considèrent seulement de quelle manière leur fils pourra gagner plus d’argent, et non pas comment il pourra obtenir plus de sainteté. Il y a plus encore : parce glorieux motif, ils le confient à des maîtres païens, et le placent dans des familles, où il n’y a ni l’apparence, ni la réalité de la religion; par ce motif ils l’établiront dans une profession, qui l’exposera nécessairement à des tentations, lesquelles ne lui laisseront pas l’occasion, peut-être pas la possibilité de servir le Seigneur. O barbares parents ! — Cruauté diabolique, dénaturée ! si vous croyez à un monde à venir.
« Mais que ferai-je? » Ayez Dieu devant les yeux, et faites tout en vue de lui plaire. Puis vous trouverez un maître, quelle que soit votre profession, qui aime Dieu, ou au moins le craint ; et vous trouverez une famille où se trouvera l’apparence, et peut-être la réalité de la religion. Votre fils pourra sans doute servir encore le diable ; mais il est probable qu’il ne le voudra pas. Et ne vous inquiétez pas s’il gagne moins d’argent, pourvu qu’il obtienne plus de sainteté : c’est bien assez, quoiqu’il ait moins des biens de la terre, s’il s’assure la possession du ciel.
17. II y a un autre cas dans lequel la sagesse d’en haut vous sera bien nécessaire. Votre fils ou votre fille est en âge de se marier, et vous demande votre avis sur ce sujet. Eh bien ! vous connaissez ce que le monde appelle un bon parti, un parti qui rapporte beaucoup d’argent. Sans aucun doute cela est vrai, si l’argent procure toujours le bonheur ; mais j’en doute : l’argent procure rarement le bonheur, soit dans ce monde, soit dans le monde à venir ; que personne ne vous séduise donc par de vaines paroles : les richesses et la félicité habitent rarement sous le même toit. C’est pourquoi si vous êtes sages, vous ne rechercherez pas pour vos enfants les richesses dans leur mariage ; prenez garde à ce que votre œil soit aussi pur en ce cas là : n’ayez en vue que la gloire de Dieu et le bonheur de vos enfants dans le temps et dans l’Éternité. Il est triste de voir des parents chrétiens se réjouir, quand ils vendent leur fils ou leur fille à un riche payen. Et appelez-vous sérieusement cela un riche parti ? Insensé, par la même raison, tu peux appeler l’enfer une bonne demeure, et le diable un bon maître. — O reçois une meilleure leçon d’un meilleur maître : cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, pour toi et tes enfants, et toutes les autres choses vous seront données par-dessus !
18. Il est très vrai que si vous êtes bien décidé à marcher dans cette voie, à employer tous les moyens pour que vous et votre famille serviez ainsi le Seigneur, avec sincérité, vous aurez besoin de mettre en usage toute la grâce, le courage, la sagesse que Dieu vous a donnée, car vous rencontrerez des obstacles que la puissance de Dieu seule pourra vous faire surmonter : vous aurez tous les saints du monde contre vous : ils diront que vous poussez les choses trop loin ; vous aurez contre vous les puissances des ténèbres, qui mettront en jeu toute leur force et toute leur ruse ; enfin vous aurez surtout la méchanceté de votre propre cœur, qui, si vous voulez l’écouter, vous présentera bien des raisons pour vous prouver que vous pouvez bien vous conformer un peu plus au monde. Mais, ainsi que vous avez commencé, marchez au nom du Seigneur, et dans sa force. Défiez les sourires et les mépris du monde et du dieu du monde. Obéissez à la raison et aux oracles de Dieu, et non pas aux usages et coutumes du monde. Gardez-vous pur. Quoique ce soit que fassent les autres, vous et votre maison honorez la doctrine de Dieu, notre Sauveur. Vous, votre épouse, vos enfants et vos serviteurs soyez du côté du Seigneur, portant tous son joug, marchant dans tous ses commandements, jusqu’à ce que chacun de vous reçoive sa récompense, selon ses travaux.